vendredi 2 mars 2012

Wavy Weiwei

Il est rare que deux artistes se partagent équitablement les espaces d'exposition ainsi que les affiches du Jeu de Paume, a fortiori pendant la même période (du 21 février au 29 avril 2012). Autre point commun entre ces deux artistes, il s'agit de leur première exposition rétrospective en France. Dans une certaine mesure, ces deux êtres de sexe opposé, ont cherché à révéler la réalité sociale d'une ville à travers ses bâtiments, les transformations, chantiers et démolitions mais aussi ses habitants grâce à la photographie.

Les comparaisons entre Bérénice Abbott et Ai Weiwei s'arrêtent à peu près là car les époques, la géographie(quoi que ce dernier ai photographié New York lors de ses études à Parsons) et les systèmes politiques les séparent en tout. Ai Weiwei est né en 1957 à Pékin dans un milieu relativement bourgeois et artistique (son père est le poète Ai Qing) en pleine période Maoiste. Il parvient miraculeusement à s'échapper à New York où il restera près de 10 ans et rencontrera une partie de l'intelligentsia de l'époque tel que le poète Allen Ginsberg. A son retour en Chine, il rencontre des artistes performeur avec qui il ne fait que constater le manque de liberté. Dès lors, son travail va s'articuler essentiellement autour de la dénonciation des systèmes de répression politique chinois et des répercutions d'une croissance économique quasi mutante. Utilisant essentiellement les blogs et la photographie comme vecteur, il est aussi l'investigateur de performance comme pour la Documenta 12 de Cassel où il invite "1001 chinois"et dénonce les difficultés d'obtenir un passeport en Chine.

Ai Weiwei est arrêté le 3avril 2011 et retenu par la police de Pékin et libéré 81 jours plus tard (22 juin 2012) sous caution. A ce jour il lui est toujours interdit de quitter le territoire soi disant par crainte d'évasion fiscale. Cette exposition se distingue plus pour sa part militante que par la sélection des oeuvres qui manquent de cohérence.

mercredi 29 février 2012

La photographie libre: Bérénice Abbott

Une première rétrospective en France, les multi-facettes de l’œuvre de la photographes américaine de Bérénice Abbott (1898-1991) sont présentées au Jeu de Paume du 21 février au 29 mai 2012. Née "Bernice", dans l'Ohio, c'est lors de ses études de sculpture et peinture à Berlin et à Paris, qu'elle deviendra "Bérénice" sur la suggestion de Djuna Barnes. En 1921, elle fait la rencontre de Man Ray, qui cherche alors une assistance. Bientôt les talents de l’apprentie dépassent ceux du maître et elle s'installe en tant que portraitiste à son propre compte rue Servandoni. Ses clients sont alors des artistes français comme Cocteau, des expatriés comme James Joyce ou des anonymes nantis Admiratrice du travail d'Atget sur Paris; elle décidera de quitter la capitale pour entreprendre un travail similaire à New York puis à travers le reste des Etats Unis. Plus tard dans sa carrière, le MIT la contacte afin d'effectuer des prises de vues de démonstrations scientifiques.
Ce qui frappe surtout c'est le destin affranchi et émancipé de cette femme. On regrette de ne pas pouvoir admirer plus de portraits de ses débuts et de grands formats de la période New Yorkaise...

mardi 28 février 2012

Narrer l'art autrement: hommage à Michel Tapié


Exposition “ Miche Tapié,  un Art autre” chez Christie’s du 31 Janvier au 29 Février 2011



Méconnu du grand public, Michel Tapié de Ceyleyran fut pourtant un personnage de premier plan de la scène artistique d’Après Guerre. Neveu du peintre Toulouse Lautrec, il embrassa lui même une carrière d'artiste en tant que musicien, peintre et sculpteur, toutefois c'est surtout en qualité de théoricien et de conseiller artistique de prestigieuses galeries qu'il exerça une influence internationale. Dans cette exposition, on se cantonne à sa facette de critique d’Art, promoteur de talents et ami proche des artistes. A l'entrée de la salle principale, notre regard se penche sur les catalogues d'expositions de l'époque signés par Man Ray et Tristan Tzara entre autres; fantômes qui planent à nos côtés lorsqu'on contemple les toiles par la suite... 
Sur fond de jazz, on découvre des sculptures de Germaine Richier, des toiles de Lucio Fontana, Jean Dubuffet... Et c'est alors que la notion d"Art informel", selon l'expression consacrée de Michel Tapié, prend tout son sens. 
C’est lors de la visite de la galerie René Drouin en 1944 qu'il eut subitement la révélation qui guida par là suite ses choix “percevoir cette autre chose”. Il habite alors non loin de Jean Dubuffet, qui va l’introduire dans son cercle d’amis artistes. Homme de Lettres de surcroît, il rencontre des galeristes qui l’inviteront à rédiger des introductions de catalogues tels que “Mirobulus, Macadam & Cie” en 1946. Par la suite, il se lie aussi avec l’artiste Georges Mathieu. En 1948, il est missionné pour organiser une exposition à la galerie Colette Allendy;  “HWPSMTB” où sont introduits Hartung, Wels, Picabia, Stahly, Mathieu,  Tapié et Bryen. En 1951, il monte “Véhémences confrontées” et présente au public français de la galerie Nina Dausset de Kooning, Pollock, et Russell. Il écrit son essai “Un Art autre” qui donnera lieu à une exposition en 1954 en collaboration avec la galerie Rive Droite. On regrette qu'au delà de la problématique sur laquelle se concentre l'exposition,  Michel Tapié l'artiste ne soit pas plus mis en avant, d'autant plus que certaines de ses sculptures avaient été exposées pour "HWPSMTB"...

vendredi 24 février 2012

Du quai d'Austerlitz à Hyères



Si le rock m'étais conté...




Si j'avais été baroudeuse






A Paris, la Fiac 2011



Bernard Vernet à Versailles




Si j'avais été romantique






Si j'avais été dandy






Noir c'est noir: faire le deuil de l'hiver

Il en est du changement des humeurs, comme des saisons,
Des mœurs et couleurs, comme du défilement de la raison
En riposte à la vague glaciale qui nous submerge et nous laisse à l’abandon
Quoi de mieux que d’envisager une chaude soirée à l'horizon…

D'ici la fin du mois, souhaitons-le, il sera temps d’enterrer l’hiver !
De laisser aux placards ces longs fardeaux vestimentaires,
Que constituent doudounes bibendumesques et écharpes de grand-mère,
Et de se dévêtir âprement de tous sentiments amers...

Une bonne fois pour toute, endossons nos habits noirs,
Et invoquons le sacre du printemps comme un glorieux espoir !

Noir d’aniline, noir carbone, noir réglisse, noir pur, noir aubergine,
Noir bistre, noir cachou, noir café, noir cassis, noir charbon,
Noir Dorian, noir ébène, noir jais, noir d’ivoire…

Vive le New Black !
Le revival des Chaussettes Noires,!
Les parodies des Films Noirs,
Adoptons le ton Paint in Black !
Un vent d’obscurité souffle sur la saison,
et Riccardo Tisci n’en démord pas...

Trinquons au Pinot Noir et autres breuvages troqués au marché noir !

Un thème ténébreux qui doit autant son inspiration à Johnny( ;) ) qu’à Joris-Karl Huysmans dans sa description du repas macabre donné par des Eisseintes à Fontenay (A Rebours, Chapitre 1)

« Il s’acquit la réputation d’un excentrique qu’il paracheva en [...] donnant aux hommes de lettres des dîners retentissants, un entre autres, renouvelé du XVIIIe siècle, où, pour célébrer la plus futile des mésaventures, il avait organisé un repas de deuil.

Dans la salle à manger tendue de noir, ouverte sur le jardin de sa maison subitement transformé, montrant ses allées poudrées de charbon, son petit bassin maintenant bordé d’une margelle de basalte et rempli d’encre et ses massifs tout disposés de cyprès et de pins, le dîner avait été apporté sur une nappe noire, garnie de corbeilles de violettes et de scabieuses, éclairée par des candélabres où brûlaient des flammes vertes et, par des chandeliers où flambaient des cierges.

Tandis qu’un orchestre dissimulé jouait des marches funèbres, les convives avaient été servis par des négresses nues, avec des mules et des bas en toile d’argent, semée de larmes.

On avait mangé dans des assiettes bordées de noir, des soupes à la tortue, des pains de seigle russe, des olives mûres de Turquie, du caviar, des poutargues de mulets, des boudins fumés de Francfort, des gibiers aux sauces couleur de jus de réglisse et de cirage, des coulis de truffes, des crèmes ambrées au chocolat, des poudings, des brugnons, des raisinés, des mûres et des guignes ; bu, dans des verres sombres, les vins de la Limagne et du Roussillon, des Tenedos, des Val de Peñas et des Porto ; savouré, après le café et le brou de noix, des kwas, des porter et des stout »

jeudi 23 février 2012

"Le néon aura mis du temps à s'allumer dans le champs de l'Art"-David Rosenberg, commissaire de l'exposition

Une exposition pour le moins lumineuse, se tient à la Maison Rouge du 17 février au 20 mai 2012. "who's afraid of red, yellow and blue?" nous ouvre les yeux sur l'art et la manière de manier le néon. Exposé pour la première fois en 1910, ce dernier est une invention française de Georges Claude. Tout d'abord utilisé à des fins publicitaires et commerciales, le néon ne tarde pas à séduire les artistes. Néanmoins, si l'usage de celui ci devient un phénomène de mode au tournant des 60's, les tentatives sont à l'état de balbutiements dans la première moitié du siècle. La méthodologie de l'exposition aborde tour à tour le néon sous sa forme thématique, chromatique, historique, et poétique. Si les premiers artistes à s'emparer du matériau sont essentiellement originaires des pays de l'est( Zdenek Pesanek, Gyula Kosice), trois grands foyers se distinguent par la suite: La France (François Morellet, Martial Raysse, Piotr Kowalski), les Etats Unis (Joseph Kosuth, Dan Flavin et Bruce Nauman), et l'Italie (Mario Merz, Pier Paolo Calzolari). Arte Povera, Abstraction conceptuelle, minimalisme, l'essentiel est là. Des oeuvres qui s'éclipsent ou au contraire nous délivrent un message pour l'éternité, un environnement survolté et ludique; Une exposition qui nous en met plein la vue!