vendredi 24 février 2012

Noir c'est noir: faire le deuil de l'hiver

Il en est du changement des humeurs, comme des saisons,
Des mœurs et couleurs, comme du défilement de la raison
En riposte à la vague glaciale qui nous submerge et nous laisse à l’abandon
Quoi de mieux que d’envisager une chaude soirée à l'horizon…

D'ici la fin du mois, souhaitons-le, il sera temps d’enterrer l’hiver !
De laisser aux placards ces longs fardeaux vestimentaires,
Que constituent doudounes bibendumesques et écharpes de grand-mère,
Et de se dévêtir âprement de tous sentiments amers...

Une bonne fois pour toute, endossons nos habits noirs,
Et invoquons le sacre du printemps comme un glorieux espoir !

Noir d’aniline, noir carbone, noir réglisse, noir pur, noir aubergine,
Noir bistre, noir cachou, noir café, noir cassis, noir charbon,
Noir Dorian, noir ébène, noir jais, noir d’ivoire…

Vive le New Black !
Le revival des Chaussettes Noires,!
Les parodies des Films Noirs,
Adoptons le ton Paint in Black !
Un vent d’obscurité souffle sur la saison,
et Riccardo Tisci n’en démord pas...

Trinquons au Pinot Noir et autres breuvages troqués au marché noir !

Un thème ténébreux qui doit autant son inspiration à Johnny( ;) ) qu’à Joris-Karl Huysmans dans sa description du repas macabre donné par des Eisseintes à Fontenay (A Rebours, Chapitre 1)

« Il s’acquit la réputation d’un excentrique qu’il paracheva en [...] donnant aux hommes de lettres des dîners retentissants, un entre autres, renouvelé du XVIIIe siècle, où, pour célébrer la plus futile des mésaventures, il avait organisé un repas de deuil.

Dans la salle à manger tendue de noir, ouverte sur le jardin de sa maison subitement transformé, montrant ses allées poudrées de charbon, son petit bassin maintenant bordé d’une margelle de basalte et rempli d’encre et ses massifs tout disposés de cyprès et de pins, le dîner avait été apporté sur une nappe noire, garnie de corbeilles de violettes et de scabieuses, éclairée par des candélabres où brûlaient des flammes vertes et, par des chandeliers où flambaient des cierges.

Tandis qu’un orchestre dissimulé jouait des marches funèbres, les convives avaient été servis par des négresses nues, avec des mules et des bas en toile d’argent, semée de larmes.

On avait mangé dans des assiettes bordées de noir, des soupes à la tortue, des pains de seigle russe, des olives mûres de Turquie, du caviar, des poutargues de mulets, des boudins fumés de Francfort, des gibiers aux sauces couleur de jus de réglisse et de cirage, des coulis de truffes, des crèmes ambrées au chocolat, des poudings, des brugnons, des raisinés, des mûres et des guignes ; bu, dans des verres sombres, les vins de la Limagne et du Roussillon, des Tenedos, des Val de Peñas et des Porto ; savouré, après le café et le brou de noix, des kwas, des porter et des stout »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire